Des annonces fracassantes
Il y a quelques jours, je vous ai dit que j'avais pris rendez-vous chez mon médecin, mais je ne vous en avais pas dit quid (pas que je vous raconte tout, par exemple, je ne vous fais pas de rapports détaillés quand je vais chez le gynéco. D'ailleurs, là non plus je ne vais pas vous faire de rapport détaillé). En fait, cette info, j'aurais pu la mettre dans le bilan des 3, mais je voulais en faire tout un article, pour bien expliquer la chose.
Donc, lors de cette visite, on a regardé les résultats de l'EMG (ElectroMyoGramme, examen qui test le fonctionnement des nerfs, en gros) (la sensibilité redescend le long de la jambe, mais pas d' évolution notable pour la mobilité) que j'avais fait. Pour faire court (et après modération des propos, oui, parce que j'ai dû faire une drôle de tête - malgré ma volonté de rester impassible - quand il me l'a annoncé, il s'est donc repris), il m'a dit que je retrouverai peut-être la sensibilité de mon pied (notez le "peut-être" qui pour lui signifie certainement 30% de chances) mais qu'il ne fallait pas compter sur la mobilité (oui, oui, c'est modéré là).
Alors je me doute que certaines d'entre vous doivent être attristées par cette nouvelle et je vous comprends. Je lui en veux. En fait, s'il n'était pas aussi bien placé par rapport à mon appart, je ne serais pas retournée le voir, parce que lors de ma première visite, il m'avait déjà dit "si l'EMG ne montre aucune amélioration, je vous déclarerai 'consolidée' (plus aucune évolution à venir)" alors que ça ne faisait qu'un an que j'avais eu l'accident et qu'il est de coutume de déclarer le patient 'consolidé' après 2 ans (sans évolution).
Du coup, je lui en veux, car j'aurais bien voulu m'offrir encore une année de rêves, d'espérances folles, d'insouciance. Il m'a retiré cette année. J'ai eu beau tenter de ne pas intégrer la nouvelle (comme d'hab', quoi), mais elle s'est infiltrée en moi, malgré moi (ma protection se fragilise vraiment) et elle fait son petit chemin, insidieusement.
Vous le savez, ça fait plus d'un an que je suis dans cet état. Aujourd'hui, j'ai l'habitude de ne pas sentir mon pied. Quand je veux pousser quelque chose avec mon pied, je vérifie la position du pied par rapport à l'objet et à la trajectoire que je veux qu'il prenne et je pousse. Souvent je fais mouche, mais je n'arrive pas toujours à prévoir les réactions de mon pied (et je ne parle même pas du déséquilibre de n'être plus que sur un seul pied). Hier soir, la béquille a voulu s'infiltrer dans mon lit, alors je l'ai repoussée sur le fauteuil (roulant) (sa place) qui est au pied du lit. Seulement, quand j'ai posé le pied dessus et que je n'ai pas senti la béquille... je me suis sentie comme... remplie d'un grand vide. Non, pas vidée, mais vraiment remplie, envahie de vide.
Mais bon, j'ai de la chance que mon bouclier fonctionne encore un minimum, parce qu'après m'avoir annoncé la nouvelle, il m'a dit que la semaine précédente, il avait dit à une jeune fille (plus ou moins mon âge) qu'il ne fallait plus compter sur son pied (même pas de sensibilité pour elle) et quelle avait fondu en larme. Elle lui avait limite vidé son paquet de 100 mouchoirs. Faut croire qu'il n'a pas remis en question sa façon d'annoncer les 'bonnes nouvelles'... et ma réaction plus ou moins passible a dû le conforter dans son idée que "décidément, cette jeunette était très sensible. Ahhh ! Je vous jure ! Ces femmes, toutes des chialeuses-pisseuses".
J'hésite entre : 1/ Changer de médecin (mais il n'y en a pas beaucoup dans le coin de mon appart et c'est très pratique) ; 2/ Lui dire ses 4 vérités (mais ça m'étonnerait fortement) ; et 3/ Lui arracher un nerf qu'il comprenne (bon, ben, on dirait qu'il ne reste plus qu'une seule solution...).
Vous en pensez quoi ?