De se rencontrer par hasard

        Quand je suis arrivée à NewCity avec Père, on est allés faire les courses d'emménagement ou de retour de vacances. Vous savez, ces courses qui manquent de vous faire faire un arrêt cardiaque quand le montant final s'affiche sur le petit écran et qui, quelques secondes plus tard, donne des envies de suicide à votre carte bleue. Heureusement, à cette époque, un ami de la famille nous avait prêté sa voiture, si bien que nos corps n'ont pas manqué de nous lâcher par la suite, car nous nous étions nous-mêmes lâchés pendant les courses.
        Bref, à cette époque, il y avait un jeu sur la coupe du monde et pour chaque tranche de 20€ on nous ofrait un aimant et des billets qui pouvaient nous faire gagner des cadeaux griffés CDM 2010. Donc après le passage en caisse, nous avons fait la queue pour passer nos billets. Enfin, Père faisait la queue et moi, j'attendais plus loin étant donné qu'à cette époque, je n'avais toujours pas le droit de faire grand chose par moi-même. Là, une dame... jeune dame, m'a abordée pour me demander si Père ne faisait pas partie de la famille X (c'est très courant qu'on nous aborde pour nous poser cette question à Madi). Ce n'était pas le cas, mais quand Père est revenu, nous avons un peu conversé, notamment de mon état physique, qui ne sait pas se faire discret.
        Depuis, régulièrement (enfin, rarement deux fois dans le mois... faut dire que je sors peu et que AM me fait les courses la plupart du temps), je la croise dans la rue. Elle espérait que je me remette rapidement (à Carrouf, elle m'avait dit qu'elle voulait que la prochaine fois qu'on se voit je n'aie plus ma béquille), mais a fini par comprendre qu'il fallait laisser du temps au temps. Alors, chaque fois qu'on se croise, même si on ne parle que 2 min, elle ne manque pas de me demander comment avance cette histoire. De sa vie, je n'en connais, pour ainsi dire, rien. A part, le fait que ma jambe va mal, elle ne connaît pas beaucoup plus de la mienne. Pourtant, j'aime bien la croiser.
        Hier, en rentrant chez moi, j'ai eu la surprise de la croiser. Et ça m'a fait bien plaisir. Je ne l'avais pas vue depuis mon retour en février. Bien sûr, elle aurait préféré que je n'aie plus ma béquille, mais heureusement, elle s'est abstenue de le verbaliser (ça m'énerve qu'on croit mon état passager parce que ce n'est qu'une béquille). Ça n'a pas duré longtemps, mais ça en plus du soleil, ça a contribué à une bonne fin de journée.

Ça fait du bien de connaître quelqu'un dans une ville... où ne connaît personne.