De mieux s'expliquer
Pour faire suite au message d'hier, voici une explication un peu plus précise de ce que je ressens. Généralement, pour me déplacer, j'utilise une béquille (et un appareil orthopédique pour mon pied), mais j'ai également un fauteuil roulant manuel que j'utilise techniquement pour mes longs déplacements. La réalité est que NewCity étant en travaux et habitant à 15m d'une partie des travaux, me déplacer en fauteuil est beaucoup plus difficile, encombrant, épuisant (et tout ce que l'on veut) que ça ne le devrait. Ca fait donc quelques mois que Fauteuil n'a pas quitté l'appartement et sert de siège supplémentaire en cas de visite nombreuse (puisque l'appartement n'est pas non plus pratiquable en fauteuil). Du coup, j'effectue mes longs déplacements à pied ce qui, vous vous en doutez, me fatigue énormément et peut même compliquer mon retour (voire les jours qui suivent étant donné que les douleurs et tensions sont lentes à repartir). Dans ces cas-là, je me trouve handicapée, voire grandement handicapée. Pour me faciliter un peu la vie, j'ai donc effectué plusieurs démarches pour être réconnue "travailleur handicapé" et obtenir une carte de priorité (les courses, c'est l'enfer) et une carte de stationnement (mais là, j'en aurai pas une utilité immédiate). Tout cela, c'est en cours et j'ai hâte que ça soit finalisé.
Mon problème, c'est que en dehors du cas précédemment évoqué, j'ai du mal à trouver légitime de me qualifier en tant qu'handicapé (bien que j'ai fait des démarches pour être reconnue en tant que telle par la société). Pourtant, pour rire et pour titiller un peu les gens, j'ai tendance à parler de moi en disant "l'handicapée" (rassurez-vous, je ne le fais pas tout le temps, mais faut un peu dédramatiser le handicap dans l'esprit des gens). Mais alors surtout, évitez de me traiter en tant que telle car j'ai quand même de la mobilité et je n'aime pas trop qu'on me retire le peu qu'il m'en reste. Bon après, je n'ai rien contre le fait qu'on me rende service, mais par exemple, j'ai failli perdre la tête chez Couz AS il y a deux semaines, car elle me traite vraiment comme une impotente et une semaine à ce régime là met mes nerfs à très rude épreuve. Il faut dire que chez moi, je me débrouille toute seule et mes parents, habitués à mon handicap, n'ont que peu d'attentions dans ce sens. Donc un service, oui, mais ne rien me laisser faire, non.
Je ne suis pas tout à fait handicapée, mais je ne suis pas valide non plus (d'où l'oscillation entre la Hollande et l'Italie). Du coup, aujourd'hui, je ne sais plus trop où est ma place. J'ai d'autant plus de mal à me définir comme handicapée que je m'évertue à garder en tête que mon état n'est que passager. Au final, je garderai peut-être des séquelles et si je préfère me dire que ça prendra le temps qu'il faudra mais ça reviendra, de temps en temps histoire de rester réaliste j'essaye de me dire que ça sera peut-être le cas.
Alors qui suis-je ? Handicapée ? Valide ? Aujourd'hui, j'évolue dans les deux mondes sans jamais trouver ma place. Je ne me sens légitime nulle part. J'ai parfois comme l'impression de flouer les gens. J'ignore si ce sentiment est tout à fait normal ou s'il est dû à un refus de totalement accepter mon handicap (ce qui doit très certainement être le cas, même si ça n'a pas de conséquences sur ça), mais c'est ce que je ressens. Est-ce que le fait d'avoir momentanément besoin de quelques petites adapations pour évoluer dans la société (voiture spéciale, ascenseurs, fauteuil à l'occasion, etc.) fait de nous un handicapé à part entière ou est-ce qu'on conserve tout de même un côté "valide" ?
Aujourd'hui, je suis dans l'incapacité de répondre à cette question.
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