D'ouvrir les yeux - 2
Hier, mère m'a mise devant un miroir et m'a forcée à me regarder. Bon, ce n'est plus un secret pour vous : je suis handicapée depuis un peu plus d'un an (vous viendrez pour la fête des 18 mois ?). Le truc, c'est que même si je le sais, je n'ai pas fait grand chose pour le montrer.
Je m'explique. Quand on est handicapé, on ne peut plus vivre et agir comme avant. Moi, je m'efforce d'essayer. Je ne me rendais pas compte que ça m'empêchait d'accepter mon état. Je l'aurais plus interprété comme du courage, de la volonté, tout ce que vous voulez, mais pas ça. Une fois les cris de Mère ignorés, j'ai réussi à entendre son message et elle aurait pu me foutre une claque que j'aurais été moins surprise et que ça m'aurait fait moins mal.
Je me plains que les gens minimisent mon handicap parce que je n'ai qu'une béquille (c'est vrai que dans l'esprit général, on voit plus un état occasionnel et peu important), maintenant, je sais que quelque part, je faisais de même.
Alors voyons, je suis handicapée. Ma vie s'en trouve bouleversée (pas du tout au tout non plus). La grande question, c'est : comment ça se traduit ? Je n'ai pas encore trouvé de réponse exhaustive. 16 mois et mon handicap reste encore un mystère (partiel) pour moi. Je voudrais bien prendre comme excuse qu'il est en perpétuelle évolution, mais je suis bien consciente que c'est faux alors pourquoi vous mentir en me mentant ?
Il faut que j'ouvre les yeux, que je regarde. Hier, Mère m'a donné des allumettes et je me les suis mises pour me forcer à ouvrir les yeux et à les garder ainsi. Maintenant, il s'agit de regarder, pas seulement de voir. Je sens que ça va prendre du temps. J'espère en avoir la patience. En même temps, vu ce que ce négationnisme me coûte, il y a des chances que je trouve la patience quelque part.
Quelqu'un a vu la patience passer par là ?