De le revivre encore et encore
Je ne sais pas pourquoi je persiste à regarder ce genre d'émissions. Pourtant, je le sais bien, à chaque fois, je me retrouve dans le même état pendant et après : je suis mal, bouleversée, en piteux état. Ça ne m'aide pas (plus) à me sentir mieux, je ne me sens plus solidaire. Ça me dévaste tout simplement.
Tout ça a commencé près de 6 mois après mon hospitalisation. J'étais chez Père et Mère, eux étaient déjà couchés depuis un moment, moi je regardais l'émission de deuxième partie de soirée du dimanche de la 6. Cette fois-ci, ça traitait des dangers de l'autoroute. Vous me direz qu'avec un sujet pareil, il y avait toutes les chances que ça me perturbe, mais jusqu'à présent, je n'avais pas été dérangée par ce genre d'émissions, alors pourquoi ça changerait ? Ben oui, pourquoi ? Eh bien, sur un accident qui rappelait pas mal le mien, ça a été la première fois que j'ai été confrontée à ma mortalité. Ne croyez pas qu'avant ça, mon "jeune" âge m'incitait à me penser immortelle et que c'est d'ailleurs ce sentiment de toute puissance qui m'a conduite à prendre des risques inconsidérés, et donc à avoir mon accident. Non, je me savais pertinemment mortelle, mais jusqu'à ce moment, je n'avais jamais réalisé que j'aurais pu mourir dans cet accident (et pourtant, je ne suis pas passée long à plusieurs occasions pour tout vous dire) et ce constat a été... dévastateur. Plus de carapace devant ces émissions, plus de distance. Chaque fois, c'est l'occasion de revivre ces mois, et pas vraiment les meilleurs moments.
Ceux qui connaissent un peu le programme TV de ce soir, doivent avoir compris que ce soir j'ai encore regardé la 6 (comme y'a deux semaines, je crois, et là aussi ça avait été difficile à gérer). Le sujet n'était pas vraiment les accidents, mais aujourd'hui, je suis toujours malade, même si ce n'est pas tout le temps visible. On croirait pas, mais ça implique plein de petits problèmes annexes. Ce n'est pas aussi lourd que ce que les personnes du reportage vivent (même en prenant en compte mon hospitalisation), mais ce sont un peu des moments où je ne suis plus capable de positiver sur ma vie depuis. Des moments où je suis limite une éponge. Des moments où je n'ai plus de carapace pour me protéger. Des moments où je suis donc particulièrement vulnérable, et autant le dire, je n'en ai pas du tout l'habitude. Parce que je ne peux pas le dire à mes proches (ce n'est pas vraiment de la pitié qu'il me faut dans ces moments-là, et encore moins du manque de compréhension de personnes qui penseraient que j'exagère pour me mettre en position de victime) alors je viens vous embêter ici.
Voilà, c'est fini.