De ne pas tout comprendre

        Hier, je me suis dis que cette année, l'abolition de l'esclavage est passée plutôt inaperçue (si on fait abstraction du groupe qui a joué toute la journée, à quelques kilomètres de là, mais dont a pu profiter de la musique grâce aux échos de la montagne), parce que nous, les DOM, nous avons chacun gardé notre date d'abolition et avons laissé au gouvernement le 10 mai pour pouvoir parader. Mais après nos émissions habituelles, on a vu un documentaire commencer, "paroles d'esclavages". Les anciens de l'île qui racontaient l'expérience de leurs grands-parents et arrières-grands-parents esclavages, parfois affranchis. Et en fait, c'était entre-coupé des commentaires de lycées qui visionnaient aussi le documentaire et qui y réagissaient. C'était très intéressant, mais ça a dû commencer à 21h30, alors pour vous donner le tableau, Père était déjà en train de rêver, et Mère a commencé à somnoler sur la fin. Comment pouvons-nous apprendre notre histoire, parce que pour ça, faut pas compter sur l'école, si même les chaînes de télé se liguent contre nous ? Moi, je trouve que ce n'est pas normal. Quand il s'agit de rendre un hommage surfait et totalement inintéressant, car pas assez travaillé, à quelqu'un qui vient de mourir, ils nous décommandent nos émissions et ne trouvent jamais le temps de les diffuser plus tard, mais quand il s'agit de marquer le coup pour l'abolition de l'esclavage, ils ne sont pas fichus de décaler les programmes d'une semaine. Personnellement, je suis outrée. Surtout qu'après il y avait un débat en duplex (mais pas en direct) de Nantes et Bordeaux, anciens ports négriers, avec, pour la plus connue, Christiane TAUBIRA, celle qui est à l'origine de la loi reconnaissant les traites et l'esclavage comme crimes contre l'humanité. Mais ce débat, je n'ai pas pu en profiter, puisqu'il était déjà 22h passées quand il a commencé. Non, vraiment pas normal.

"Au lieu de nous parler de la honte des coups de fouet, ils devraient plutôt nous apprendre la fierté de ceux qui se sont rebellés".