De se cloisonner
Depuis mon retour, et donc mon changement de bureau, de temps en temps, les collègues me disent "oh, j'ai oublié de venir te dire bonjour, c'est la porte qui est fermée..."? Ça a l'air de vraiment les rebuter les portes fermées. Pourtant, la mienne ne l'est pas réellement, en fait, elle est plus « entr'fermée »… Bon, OK, elle n'est pas. Alors le matin, de temps en temps, j'en entends qui discutent devant ma porte, mais rare sont les fois où ils osent la pousser (après avoir frappé, c’est mieux (oui, certains s’en dispensent parfois)).
Je sais bien que ces petites phrases récurrentes sont un peu plus que des messages subliminaux, mais moi chui comme ça, je n'aime pas garder ma porte ouverte, que tout le monde regarde dans mon bureau en passant dans le couloir (je sais bien que certains sont dans des open-spaces et je les plains grandement). Je n'aime pas qu'on ne puisse pas à tout moment et crier gare regarder ce que je fais, parce que quand je travaille, j'écoute la radio. Alors certes, j'utilise un écouteur, mais parfois je chantonne, je « dansonne », je tape du pied en rythme (enfin, j'essaye avec le pied droit, ça tient lieu de rééducation ;-) ), je chante en play-back.
Parfois, ça me permet de me lâcher sur mes décharges. Quand je suis en public, j'essaye de rester impassible pour ne pas trop les perturber, ou au pire j'aspire un peu d'air entre mes dents pour signifier que j'ai mal (vous voyez de quoi je parle ), mais rarement plus. Quand je suis seule dans mon bureau, je fait tomber au moins trois niveaux de barrière, je crie "AÏE !" de temps en temps, je tape mon bureau, je laisse mon corps y réagir comme il veut (donc en faisant des mouvements brusques dignes de quelqu’un ayant le syndrôme de Gille de la Tourette, d’ailleurs…), parfois, je m'autorise même un juron. Ça, c'est privé, je ne veux pas que mes collègues connaissent cette part de mon handicap, sinon, je me l’autoriserais en permanence. C'est un peu mon jardin privé.
Parfois encore, je retire mes chaussures et/ou je masse mon mollet douloureux, voire mon pied insensible mais douloureux (cherchez pas), je mets mes jambes sur la chaise d'à côté (oui, je suis très bien équipée dans mon bureau) pour les étendre d'une manière plus agréable, pour faire passer le sang. Il m'arrive aussi de me lever et de faire des étirements face au mur. Je n'ai pas envie de devoir aller fermer la porte chaque fois que je m'adonne à ce genre de pratiques.
En plus, ils ne l'ont peut-être pas noté, mais j'ai fait un effort, avant je claquais la porte direct. Maintenant, c'est seulement quand j'ouvre la fenêtre, pour ne pas qu'elle fasse des va-et-vient bruyants et incessants.
Allez, à vous, je peux bien le dire. Parfois, je laisse ma porte ouverte, mais ça reste rare... à cause d'une collègue. La porte de son bureau est en face de la mienne et elle s'est placée juste en face de sa porte, alors que moi, j'ai choisi le fond de mon bureau. Du coup, ouf, on n'est pas en face à face. Mais quand par malheur, je laisse ma porte ouverte et que je jure après mon ordinateur qui ne fait pas ce que je dis (enfin, parfois, il fait ce que je lui ordonne mais pas ce à quoi je pense), elle me demande ce que j'ai, et vient dans mon bureau, parfois regarder mon écran (qui, stratégiquement et contrairement à moi, n'est pas placé face à la porte) pour voir ce qui ne va pas. Or, elle n'a pas les compétences pour m'aider, quel que puisse être mon problème. Je le sais, elle le sait. Mais c'est plus fort qu'elle. Elle est d'une curiosité maladive (c'est moi que ça rend malade).
Et puis, certains d'entre eux laissent aussi la porte de leur bureau fermée (4) ou entr'ouverte (2) ou ouverte mais avec le mobilier disposé pour qu'on ne voit franchement l'intérieur qu'en entrant (1). Alors où est le mal ?
Ne peut-on pas garder un jardin secret au boulot ?