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Métro-boulot-dodo, un rêve... ou presque
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29 juin 2010

Des expériences

        Pour moi, mais pour vous flatter, je vais vous faire croire que c'est pour vous, j'ai fait deux expériences.
1/ Dernièrement, j'ai fait l'acquisition d'un fauteuil roulant, histoire de m'aider dans mes déplacements et d'avoir un peu plus d'indépendance. J'ai donc testé le fauteuil dans NewCity et plusieurs constats s'imposent :
- Ca fait mal, très mal, aux bras. à  l'hôpital, c'était du carrelage, on peut donc estimer les forces de frottement nulles comparées à celles créées quand on roule sur du bitume sale.
- Aujourd'hui, un fauteuil, est moins considéré comme un ORNI (Objet Roulant Non-Identifié). Les gens laissent le passage, pour la majorité, tiennent la porte, pour beaucoup, s'excusent quand il n'y a pas spécialement lieu de s'excuser (pitié quand tu nous tiens).
- Certains, qui paraissent très sympathiques, présente tout de même une certaine impatience devant le temps qu'on prend pour sortir du guichet. Coincée sur le mur du bâtiment, j'ai abîmé le revêtement de la barre de la roue alors que ce n'est pas mon fauteuil définitif.
- On avance plus rapidement qu'à trois pattes, surtout dans les descentes
- NewCity n'est pas aussi plate que je le pensais, c'est un faux-plat géant, quand ce n'est pas simplement une réelle pente. Du coup, bien que l'accès au tram (et uniquement l'accès au tram) soit adapté, la topographie de la ville en elle-même ne l'est pas du tout.
- On ne s'asseoit pas dans un fauteuil roulant comme dans un fauteuil de salon, il faut qu'il corresponde au physique de la personne et ce n'est pas une mince affaire. Le mien, ne l'est pas encore totalement.
- Aujourd'hui, je comprends tout à fait pourquoi certaines personnes en fauteuil portent des gants (note pour plus tard : profiter des soldes pour acheter des gants de vélo), avant, je n'en avais pas besoin.
- Une simple balade de moins de 2h peut donner des courbatures pour 2 jours. Outchy !

2/ Pour la première fois, je suis sortie en short. Entre la dépigmentation partielle de mes jambes, mon releveur et ma béquille, vous me croyez si je vous dit que j'ai moins supporté les regards que quand je suis en fauteuil ? C'est infernal les regards qu'on peut recevoir. Je me rappelle particulièrement de celui d'un garçon qui doit avoir plus ou moins mon âge et qui était avec une bande d'ami. Il a eu un regard insistant sur mes jambes (ce qui est déjà dérangeant) mais en plus il a fait la grimace du "C'est quoi ça ?" qui ne peut mieux exprimer le dégoût.  Je n'ai pu m'empêcher de lui demander "Quoi ?" quand il est arrivé à mon niveau, puisqu'il n'avait toujours pas cessé de fixer mes jambes.

        En conclusion, pour ceux qui se le demande (comme tous mes proches), non, je ne vais pas développer de dépendance au fauteuil, car j'aime marcher et les regards des gens me dérangent tout de même. Mais surtout, je n'arrive pas encore à me lever devant les gens, car dans la société française actuelle, si les fauteuils sont plutôt acceptés, c'est encore blanc ou noir. Pour les gens, on ne peut pas se mettre debout si on est en fauteuil, or être en fauteuil ne veut pas dire être paralysé. Quand on se lève, on est pris pour des simulateurs. C'est comme quelqu'un qui a un macaron et qui sort de sa voiture sur ses deux pieds, ça choque.
        Grâce à cet accident, j'ai moi-même beaucoup appris. J'ai appris qu'il y a des multitudes d'handicaps, que tout ça c'est très complexe et je regrette qu'on doive les vivre pour comprendre certaines choses.

Vous aussi, apprenez à apprivoiser votre regard et votre esprit ;-)

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Commentaires
R
Oui, c'est sûr ça n'aide pas. Mais c'est comme pour tout. Par exemple si on montre un Arabe qui se fait arrêter à la télé, ça ne va pas aider à l'intégration des jeunes arabes qui n'ont rien à voir avec l'illégalité.<br /> C'est un peu ça, on n'imagine jamais réellement ce que c'est d'être dans le corps d'une personne alpha.<br /> <br /> J'adore l'expression, je crois que je vais te la piquer. :-)
S
Et la fameuse scène du fauteuil roulant dans "Bienvenue chez les ch'tis" ne va pas aider les gens à avoir un avis un peu plus relatif sur le degré de handicap des personnes en fauteuil roulant... <br /> Sur un plan un peu différent, ta situation me fait un peu penser à celle des personnes âgées encore autonomes mais dont on n'imagine pas le degré de douleur que des gestes quotidiens peuvent provoquer et qui ont besoin de beaucoup de temps pour effectuer des actions simples. Certains ne voient qu'en noir et blanc !<br /> <br /> Ca va sembler un peu con, mais il y a une expression que j'aime bien et qui est aussi le titre d'une chanson de Jean-Jacques Goldman : entre gris clair et gris foncé. Je crois qu'il y a bien des choses qui se situent dans cette gamme de couleurs-là...
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